La semaine dernière, une connaissance m’a envoyé un message pour me dire que l’article que j’avais partagé sur Facebook concernant l’islamophobie n’avait pas sa place sur mes réseaux sociaux professionnels. Qu’en tant que thérapeute, je ne devrais pas parler de sujets « clivants ».

Vous êtes peut-être nombreux-ses à vous demander pourquoi est-ce que je parle de ces sujets. Aussi, je prends quelques instants pour vous préciser mon approche. C’est vrai ça, pourquoi est-ce que je partage du contenu sur la justice sociale dans le cadre de ma pratique professionnelle ?

Le mythe du thérapeute neutre

Je pense qu’il est complètement utopiste de croire qu’un-e praticien-ne arrive à mettre de côté ses valeurs lors d’un accompagnement. Susan Sturdivant l’explique très bien dans son livre « Les femmes et la psychothérapie » (1980) :

« L’idée d’une psychothérapie dégagée de toute valeur et d’un thérapeute jouant le rôle d’observateur moralement neutre est un mythe. […] La nature et le processus de toute tentative d’aide […] sont façonnés de façon significative par les valeurs et les croyances inconscientes. »

Alors certes, je ne suis pas psychothérapeute, mais l’accompagnement et la relation d’aide sont également concernés par cette question de non-neutralité du/de la thérapeute. Il suffit d’écouter les témoignages de personnes racisées, de personnes grosses ou des personnes LGBTQIA+ pour voir, tout simplement, que de nombreux-ses thérapeutes peuvent être problématiques et violents dans leur approche. Nier l’existence d’une oppression, c’est faire vivre à la personne cette violence une deuxième fois.

Mon travail en tant que praticienne en hypnose est de vous permettre de remettre du mouvement dans votre vie, de faciliter le changement et de mieux vivre avec la personne que vous êtes. On crée une équipe et on travaille ensemble. Il me semble important que vous sachiez tout de suite avec qui vous allez avancer.

Mes valeurs de justice sociale sont une grille de lecture. Je ne suis pas là pour forcer qui que ce soit à devenir une féministe radicale ou à faire tomber le capitalisme. Je sais simplement que ce qui se passe dans l’intimité est aussi politique. Que cela fait partie d’un système plus global. Et ce n’est pas pour excuser quoi que ce soit, pour minimiser des choses graves, bien au contraire. Je suis juste là pour accueillir ce que vous avez à partager, sans juger, sans remettre en cause quoi que ce soit.

Créer un espace “safe”*

Mon rêve ultime, avec ma pratique, c’est que mon cabinet soit considéré comme un espace safe (*sûr, sécurisant), un endroit où les personnes peuvent venir parler sans avoir peur d’être jugées, de voir leurs expériences niées, ou de subir à nouveau des violences. Je déconstruis au fur et à mesure toutes les croyances sur lesquelles je me suis construite, cela prend du temps, je ne suis pas parfaite (hélas) mais je fais de mon mieux. Je partage donc du contenu que je trouve instructif, intéressant ou parfois juste drôle. Cela peut permettre aussi aux personnes concernées de réaliser qu’iels ne sont pas seul-es à vivre ces oppressions, à trouver d’autres ressources sur internet, d’autres témoignages, d’avancer sur leurs chemins respectifs.

Je souhaite donc, à travers mes prises de parole, témoigner tout mon soutien aux personnes victimes d’oppressions, qu’iels décident de travailler avec moi ou non. Et même si je ne vis pas les oppressions en question, mis à part le fait d’être une femme – et c’est déjà pas mal à porter parfois – je tiens à dire aux personnes que je les crois, que c’est grave et que je suis de leur côté.

Mon rôle d’alliée

Je prends la parole sur ces sujets car je sais que la majorité des personnes qui me suivent sont comme moi : des personnes blanches, cisgenre (le genre qui leur a été assigné à la naissance est pleinement le leur, définition de Lexie, du compte instagram @agressively_trans), probablement hétéros et valides. Je sais qu’iels m’écouteront plus que d’autres – malheureusement – car je suis comme elleux. Et si je peux aider d’autres personnes à déconstruire leurs croyances à leur tour, alors tant mieux.

C’est comme cela que je considère mon rôle d’alliée : partager les différents vécus, remettre en question l’ordre établi, inviter les personnes à se remettre en cause et identifier les moments où nos comportements peuvent être problématiques pour d’autres.

Enfin, cela me permet de faire du tri dans les personnes qui me suivent et qui veulent travailler avec moi. J’ai suffisamment côtoyé de personnes racistes et sexistes dans mon entourage professionnel par le passé, aussi, si je peux donc les éviter à l’avenir, je ne suis pas contre. Il existe tout un tas de praticien-nes qui sont partant-es pour partager ces valeurs nauséabondes. En revanche, si vous avez envie de déconstruire ces valeurs là, remettre en question la norme et bousculer vos croyances, alors je serai là pour vous accompagner sur ce chemin avec grand plaisir.

Crédit photo Margot Arnaud.

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