Ces derniers temps, cette phrase me revient constamment en tête. « Ne fais pas de vagues. » C’est quelque chose que j’ai toujours entendu dans ma famille quand j’étais petite (et je suis sûre de ne pas être la seule dans ce cas). Mes parents sont des personnes très discrètes, qui vivent leur vie tranquillement, dans leur coin, à l’abri des regards. Ils ont peut-être eux aussi entendu cette phrase étant plus jeunes, je ne sais pas, nous n’en avons jamais parlé. C’était comme ça, c’est tout.

Seulement voilà. Le problème, c’est que j’ai envie de faire des vagues. J’ai envie de parler, de partager, de montrer, de raconter, d’expliquer, de transformer, de changer le monde, de faire la révolution.

Vous voyez le moment où ça commence à devenir compliqué ?

Comment arriver à se sortir de cette croyance, de cette idée que finalement, je ne dois pas être visible ? Je ne dois pas me faire remarquer. Une part de moi a intégré ce fonctionnement depuis mon enfance : pour être une bonne personne, pour me faire aimer par les gens, par ma famille, je dois rester dans mon coin, être discrète, polie, sage. Chose que j’ai été très longtemps d’ailleurs, sans le remettre en question, car après tout, je ne voyais pas d’autre façon d’être.

Depuis que j’ai commencé à réfléchir à ma reconversion pour devenir accompagnante, je sais que cette phrase là, c’est une croyance limitante. Il y a des croyances aidantes, par exemple « dans la famille, tout le monde est créatif », et des croyances limitantes « dans la famille, personne n’est créatif ».

Ne pas être visible, ne pas se faire remarquer, ne pas faire de vagues, c’est à l’opposé de ce métier. Comment me faire connaître ? Comment sortir du lot ? Comment me différencier, sans faire de vagues ? Impossible.

J’ai à l’intérieur de moi un océan en pleine tempête qui cohabite avec une petite fille sage. Un océan qui correspond à mes valeurs, à mes passions, à mon apparence, à mon envie et mon besoin d’être différente, de sortir du lot, de dire qui je suis. Face à lui, une petite fille sage, polie, qui dit pardon quand on lui marche sur les pieds, qui pleure quand on la gronde, qui se tait. Et qui fait les yeux noirs à l’océan, car elle a peur. Peur des conséquences de se montrer. Être rejetée, exclue, bannie. Elle a envie d’être aimée, donc elle dit « chut » à l’océan. Tu fais trop de bruit, tu remues trop.

Ces dernières années, j’ai trouvé des accords entre ces deux parties pour me permettre d’aller un peu plus vers moi.

“Tu crées un blog, mais tu ne montres pas ta tête dessus.”

“Tu crées une activité en freelance, mais tu n’en parles pas trop.”

“Tu te dis féministe, mais tu ne dis pas trop fort que tu es en colère.”

Sauf que vous voyez, ce fonctionnement, j’en ai ras le bol. Depuis quelques mois, je sens que ça bouillonne, que c’est prêt à péter. Alors je travaille là-dessus, je me fais accompagner, pour que les choses se fassent d’une façon saine pour moi. Je repousse de plus en plus mes limites.

Cela a commencé par le lancement de mon activité en tant que praticienne en hypnose, il y a quelques mois. Par le dire, le montrer. Créer un site web. Puis faire un shooting photo (ouille). Puis entrer ouvertement en désaccord avec des personnes (ouille x 10) (ma plus grande peur). Puis couper mes cheveux courts. Puis en raser une partie (ouille x 15). Ecrire ce texte, est une autre étape.

Dire qui je suis, finalement.

Dire qui je suis.

Accepter l’idée que pour vivre ma vie, je dois faire des vagues. Que ce sont ces vagues précisément qui me rendent vivante, unique, spéciale.

Accepter l’idée que maintenant, je n’ai plus peur d’exister.

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