Que se passe-t-il lors d’un cercle de lecture ? Comment mêler hypnose et lecture ?
Retour en détails sur la première édition du cercle de lecture.
Le premier cercle de lecture a eu lieu le 06 avril 2021 et était autour du livre “Un été sans les hommes”, de Siri Hustvedt. Il s’agit d’un livre que j’ai lu il y a quelques mois et que j’avais beaucoup aimé. Ok, je vous avoue tout : je l’avais choisi principalement pour son titre. Et pour un livre qui s’appelle “un été sans les hommes”, figurez-vous que l’on parle beaucoup… d’hommes.
Pourquoi ce livre ?
J’ai proposé aux participantes de lire ce livre car je l’avais trouvé très riche en petites phrases qui poussent à l’introspection, avec des thématiques très variées et fascinantes. Je leur avais demandé d’identifier un passage qu’elle souhaitait partager avec le groupe. La consigne était donc simple : lire le livre, noter des extraits “coup de cœur”. De mon côté, j’ai relu ce roman et j’ai identifié les grandes thématiques abordées : l’adolescence, la vieillesse, la mort, l’amitié entre femmes, la maladie mentale, l’infidélité, le couple. Entre autres. J’ai sélectionné quelques-uns de ces thèmes et j’ai créé des questions pour les participantes, afin d’explorer le livre, et des exercices d’hypnose pour aller plus loin sur ces thématiques.
La soirée “book club” débute
Nous avons commencé par un exercice d’hypnose pour s’immerger dans l’univers du livre. Les participantes se sont alors retrouvées au fin fond du Minnesota, à l’entrée d’un simple lotissement. Le personnage principal, Mia, sort de sa maison. Un peu comme dans un film, nous avons plongé dans l’univers visuel grâce aux descriptions des lieux présentes dans le livre et un peu de broderie de ma part, car le livre ne contient pas beaucoup de descriptions, finalement.
De quoi avons nous parlé, finalement ?
Nous avons abordé certaines thématiques du livre. Pas toutes, car cela nous aurait pris au moins 3 séances, j’ai sélectionné celles qui se prêtaient le plus à des exercices d’hypnose et un peu d’introspection.
Je leur ai tout d’abord demandé ce qu’elles avaient pensé du livre. Des personnages, de l’histoire, de l’écriture. Puis nous avons commencé à parler de notre personnage coup de cœur, Abigail. Une dame de 80 ans qui fait des broderies pornographiques. Puis nous avons creusé notre rapport au temps, à la vieillesse, et nous avons toutes pris conscience d’à quel point nous étions contentes d’enfin lire une histoire avec des femmes âgées.
Nous avons poursuivi nos échanges en nous concentrant sur la bande d’adolescentes qui décide d’harceler une fille de leur classe. Nous avons débattu autour de ce sujet qui gratte, sujet que nous avons toutes trouvé désagréable : le retour à l’adolescence et à sa cruauté. Un passage que nous n’avons pas vraiment apprécié, même si nous avons trouvé son traitement plutôt juste.
J’ai clôturé ce sujet en proposant d’aller glisser un mot, faire un câlin à l’adolescente que nous avons été. Aller la voir dans sa chambre et lui apporter tout l’amour qu’elle mérite. Les émotions étaient au rendez-vous…
Puis nous avons longuement parlé de ce fantastique groupe de vieilles dames qui vivent ensemble dans une maison de retraite. Elles ont été une véritable source d’inspiration et nous avons adoré parler d’elles, de leurs relations, de leur sagesse.
Et puis à notre tour de nous questionner. Comment envisageons-nous notre vieillesse ? De qui voulons-nous être entourées ? Qui voulons nous être ? Pourquoi ne le sommes nous pas dès maintenant ? Nous avons terminé avec un exercice d’hypnose autour de la personne que nous voulons être à 80 ans. C’était beaucoup plus drôle que ce que j’avais imaginé, avec des images très spontanées autour du gilet de Madame Sarfati. Qui l’eut cru ?
Oh non, c’est déjà fini ?
Et puis voila, c’était déjà l’heure de rendre l’antenne, de clôturer ce premier cercle. Nous avions du mal à nous quitter, il restait tant de choses à dire encore. “Je voulais juste dire que …”, “ah et j’ai oublié de vous parler du moment où …”.
Nous avons terminé en lisant chacune un passage extrait du livre, un moment qui nous a marqué. J’ai copié ces extraits pour vous.
Extrait 1 :
“Je ne crois pas avoir, de ma vie, ouvert un livre qui n’eût quelque chose à dire de l’inconstance de la femme. Chansons et proverbes, tous parlent de la versatilité féminine. Mais peut-être me direz-vous que leurs auteurs sont des hommes ?
[…]
Les hommes ont eu en tout l’avantage sur nous pour raconter leur propre histoire. L’éducation leur a été donnée à un degré tellement supérieur ; la plume est entre leurs mains. Je ne permettrai pas aux livres de prouver quoi que ce soit.”
Extrait 2 :
“Bien entendu, le dehors l’emportait à tous les coups sur le dedans. Dedans, c’était nettement moins bien. Pourquoi, exactement, je l’ignore. Dehors est joliment vulnérable, si vous voulez mon avis. A vrai dire, l’angoisse de castration est très justifiée. Si je trimballais mes organes reproducteurs à l’extérieur, je serais sacrément inquiète, moi aussi, pour ce délicat petit appareil.”
Extrait 3 :
“Mon père ne criait pas, Boris ne criait pas, mais le silence peut aussi posséder un pouvoir, davantage de pouvoir, parfois. Le silence vous attire vers le mystère de l’homme. Que se passe-t-il là-dedans ? Pourquoi ne me le dis-tu pas ? Es-tu heureux, malheureux, furieux ? Nous devons être prudents, très prudents avec toi. Tes humeurs sont notre firmament et nous le voudrions toujours ensoleillé. Je veux te plaire, papa, faire des tours et danser et raconter des histoires et chanter des chansons et te faire rire. Je veux que tu me voies, que tu voies Mia.”
Le prochain cercle de lecture aura lieu le mardi 4 mai à 19h30. Le livre choisi est “La nuit des béguines”, d’Alice Kiner.
Pour vous inscrire, c’est par ici : lien inscription.